Ce blog délaissé ressurgit une nouvelle fois des ténèbres par l'intermédiaire d'un président catalan. J'ai interviewé la semaine dernière Carles Puigdemont pour une publication dans Le Figaro (€). L'entretien a duré une bonne heure, et même si nous avons eu les faveurs de la Der', il a fallu sortir les sécateurs. Comme le sujet de l'indépendantisme en Catalogne intéresse, semble-t-il, certains francophones, et une fois un temps prudentiel écoulé depuis la publication -on ne va tout de même pas léser les abonnés-, je propose ici une version longue.
Pour le contexte, cet entretien s'est tenu le jeudi 19 mai 2016 dans le bureau du président au Parlement régional. La polémique du moment concernait un match de football ; le lendemain de notre conversation, l'objet du débat a été désamorcé, la justice administrative autorisant l'introduction au stade des drapeaux indépendantistes que la préfet de Madrid avait tenté d'interdire.
Les échanges se sont produits en espagnol, qui n'est la langue maternelle ni de l'un, ni de l'autre, mais qui est une langue de travail très habituelle de l'un et de l'autre. La traduction a été faite par mes soins, au moment de retranscrire le texte. Pour la petite histoire, il arrive parfois à Puigdemont de commettre un catalanisme, comme lorsqu'il emploie le verbe "defensar", tombé en désuétude depuis belle lurette dans la langue de Cervantes au profit du plus moderne "defender". Votre serviteur tente pour sa part d'éviter les gallicismes, mais n'y parvient pas toujours. Le président régional parle aussi français assez bien, comme il me l'a démontré en fin d'entretien, mais l'usage de cette langue pendant une heure aurait ralenti et alourdi nos échanges.
Carls Puigdemont pendant l'interview. Photo Jordi Bedmar.
LE FIGARO. — Vous refusez de voir la finale de la Coupe du Roi, entre le Barça et le FC Séville, si l’interdiction de porter des drapeaux indépendantistes catalans est maintenue. Vous considérez que cette interdiction de l’estelada porte atteinte à la liberté d’expression ?
Carles PUIGDEMONT. — Évidemment. C’est inadmissible en démocratie. L’estelada es un drapeau parfaitement légal, un drapeau que des millions de Catalans brandissent quand ils manifestent pour la liberté et la démocratie, qui est accrochée à des centaines de milliers de bâtiments et de balcons de ce pays. Depuis qu’elle existe elle a toujours été associée à la démocratie et la liberté, jamais à autre chose. L’interdire, avec des arguments discutables et contradictoires, c’est n’importe quoi. Je ne peux pas participer comme représentant de la Catalogne quand on porte atteinte à sa liberté d’expression.
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